Au cur du système de soin, interlocuteur privilégié de lensemble des professionnels de santé, les biologistes médicaux sont implantés sur lensemble du territoire et sont disponibles au quotidien pour accompagner les patients. Soucieux de préserver un modèle unique en Europe, et garantie dun exercice indépendant et de qualité, les biologistes médicaux membres du SDB sélèvent contre la déshumanisation de leur profession dépeinte comme un idéal par certains.
Un raisonnement financier ne suffit pas à appréhender une profession médicale
Larticle du Monde présente lindustrialisation de la biologie médicale comme une mutation "inéluctable" représentant lunique réponse aux difficultés financières rencontrées par la Sécurité sociale. Lauteur fonde son raisonnement sur le postulat suivant : faire baisser le coût dexécution de lanalyse impliquerait automatiquement une baisse du coût de la biologie médicale. Si cet argument a pu convaincre certains laboratoires à un moment donné, nombre dentre eux reviennent aujourdhui à une pratique plus humaine et proche des patients, ayant pris conscience des coûts réels de ce type de structure pour lorganisation des soins, les salariés de ces laboratoires, et surtout les patients.
Une économie pour les finances publiques qui demeure à prouver sur le long terme
Il convient tout dabord de rappeler que la partie analytique de lexamen de biologie, telle que la décrit la loi, ne constitue quune faible part du coût total de lacte. La Sécurité sociale ne peut envisager de faire des économies sur la durée que par une maîtrise médicalisée des actes prescrits, qui consisterait notamment à éviter les bilans inutiles et redondants. Pour raisonner par analogie, est-il plus logique de revoir le prix de lessence ou sa façon de se déplacer ? Sur le long terme, le choix est vite fait. Or depuis 5 ans maintenant la Cnamts revoit de façon dogmatique le prix de lessence et ne peut que constater léchec de sa politique comptable. Il convient également de rappeler que lindustrialisation conduira automatiquement à une surconsommation, les investissements étant tels que pour les rentabiliser il faudra augmenter les volumes. En fin de course, ni létat ni les biologistes ne seront gagnants.
Une disparition programmée des laboratoires de proximité
Il convient également de ne pas se voiler la face sur les conséquences directes de la généralisation dun tel modèle, à savoir la disparition in fine des laboratoires de proximité. Tous ceux qui ont investi dans ces énormes plateaux commencent à penser quil faudra dans un premier temps réduire les heures douverture des laboratoires périphériques et quensuite il faudra les fermer pour des raisons économiques. Le choix semble donc se résumer ainsi : une maitrise médicalisée associée à un réseau de proximité assurant un service public cohérent et économiquement efficient ou une baisse du prix des analyses, puis lindustrialisation avec disparition du réseau de proximité et des surcoûts induits collatéraux colossaux.
Une déshumanisation de la biologie médicale opérée au détriment de nos concitoyens
Lorsque lauteur de larticle souligne que "la concentration des laboratoires et leur réorganisation s'est en effet longtemps heurtée, en France, à l'opposition de la profession", il sous-entend que le mouvement vers la concentration des acteurs correspond au progrès et à la modernité et positionne lindustrialisation de la biologie médicale comme stade ultime de développement. Cest faire fi de nombreuses interrogations et incertitudes soulevées par les professionnels, qui se pencheront sur cette question cruciale aux JIB dans le cadre dune table-ronde sur le thème : "à qui profite la centralisation des techniques ?".
Si nous sommes souvent comparés à lAllemagne où le coût de lexécution de lanalyse est réputé plus bas quen France, le coût global de la biologie médicale par habitant est pourtant identique. Ce qui nous différencie fondamentalement de notre voisin allemand, cest le service de proximité que nous assurons et qui est cher à nos concitoyens.
Pour lheure, Politiques et Professionnels doivent se concerter sur lavenir souhaité pour la biologie médicale et garantir aux Français un système de santé soutenable économiquement et respectueux de leurs besoins.