Lorsque vous lirez ces pages, la réforme de la biologie médicale vivra son dernier acte. Après trois ans de rebondissements, la biologie médicale sera enfin régie par des règles du jeu définitives pour les prochaines années. Des règles du jeu qui ne seront pas forcément du goût du SDB mais avec lesquelles il faudra que la biologie médicale libérale, de qualité et de proximité, fasse au mieux en attendant de pouvoir de nouveau les faire évoluer. Mais avant cela, le SDB reste mobilisé jusquà la dernière étape, celle du vote définitif de la proposition de loi, afin dobtenir des modifications du texte concernant les mesures les plus dangereuses pour lexercice des biologistes libéraux et de préserver les avancées obtenues devant le Sénat les 31 janvier et 5 février derniers.
Une réalité différente des intentions affichées
Ce denier acte est à limage de la pièce qui sest jouée durant ces trois dernières années : épuisante, imprévue, riche en rebondissements et en fauxsemblants. Une pièce plus proche du drame que de la comédie. Concrètement, "si les intentions affichées par le Gouvernement sont cette fois plutôt en faveur des laboratoires de proximité, la réalité des textes est toujours aussi complexe et dangereuse", analyse François Blanchecotte.
De multiples intérêts divergents saffrontent en effet en coulisses. Le combat relatif à ce texte est dailleurs loin de se résumer à une opposition entre biologie médicale libérale et biologie industrielle et financière. En outre, les intérêts de lhôpital et la vision dogmatique de la biologie médicale par une certaine partie de ladministration ne facilitent pas les choses. Jusquau bout, à savoir devant la commission mixte paritaire (voir ci-dessous), un amendement ou un compromis sur la rédaction du texte peuvent introduire une mesure dangereuse pour lexercice de la biologie médicale défendu par le SDB. Ces derniers mois ont démontré que ce nétait pas là de la politique-fiction (lire l'article "Réforme : Sept ans de tribulations").
Faire bloc dans la dernière ligne droite
"Pour éviter au maximum les discordances de dernière minute, nous avons essayé de rassembler le plus possible de représentants de la biologie médicale libérale pour défendre les amendements que nous espérons voir adoptés par les députés", explique François Blanchecotte.
Le but est de limiter laction de francs-tireurs qui, sous prétexte dobtenir mieux, inspirent à un député une fausse bonne idée damendement qui met profondément en danger lensemble de la profession. Une pratique qui a déjà nuit à plusieurs reprises à la biologie.
A priori le dernier combat législatif
Bien que nous soyons tout proches de la ligne darrivée, les parlementaires comme le ministère ayant cette fois la ferme intention den finir avec le dossier de la biologie médicale, il est encore trop tôt pour savoir si les biologistes médicaux libéraux auront sauvé les meubles et si lOrdonnance de 2010 qui, sauf coup de théâtre, sera modifiée et ratifiée à lissue de cette session parlementaire, sera un cadre propice à lavenir de la biologie médicale telle que les adhérents du SDB laiment et la défendent. Rendez-vous pour un ultime dossier bilan sur la réforme dans le prochain Biologie médicale. Pour lheure, le temps est encore au combat législatif.
TOUS VEULENT EN FINIRComme lont montré tous les discours préliminaires au débat, au Sénat, les parlementaires en ont assez de débattre de la réforme de la biologie ! |
FRANçOIS BLANCHECOTTE, président du SDB
"LA POURSUITE DES MêMES OBJECTIFS DE BOUT EN BOUT"
François Blanchecotte, à la tête du SDB depuis décembre 2010, a vécu au quotidien les trois dernières années de péripéties relatives à la réforme. Il revient sur les objectifs et les options prises par le Syndicat.Au fil du temps, le SDB a-t-il dû renoncer à certains combats inhérents à cette réforme ?
François Blanchecotte : Non, depuis le départ, nous défendons lexercice de praticien libéral comme le bon mode dexercice pour garantir aux patients, aux professionnels et au système de santé dans son ensemble une offre de biologie médicale de qualité et de proximité, indépendante des investisseurs financiers. Nous avons poursuivi les mêmes objectifs de bout en bout : renforcement du caractère médical de notre profession ; renforcement de lindépendance de notre exercice libéral et des règles de transparence du capital de nos structures ; assouplissement de laccréditation, en loccurrence de son calendrier et de ses objectifs utopiques. à ces trois sujets centraux, se sont ajoutés celui du préanalytique pour trouver un compromis avec les autres professions, en particulier les infirmiers, et celui de la facturation unique que nous combattons.
Le SDB aurait-il dû se battre plus clairement dès le départ contre certaines évolutions comme laccréditation ?
F.B. : à propos de laccréditation, il est difficile de refaire lhistoire avec de la politique-fiction. Mais notre analyse a été la suivante et je pense que nous avions raison : devant la pression européenne, qui arrangeait finalement bien ladministration française, pour nous faire basculer dans la directive services, fallait-il sarcbouter pour que rien ne bouge quitte à se faire balayer - le risque était bien réel - ou chercher à préserver ce qui nous semble toujours lessentiel, cest-à-dire notre qualité de profession médicale libérale quitte à donner des gages sur le terrain de la qualité ? Nous comptions sur Bio Qualité et sur la démarche damélioration permanente que la profession avait instaurée depuis 2002 pour démontrer notre sens des responsabilités en la matière. Cela na pas suffi aux pouvoirs publics qui ont adopté une position maximaliste en optant pour laccréditation obligatoire et à 100 % de tous les LBM, ce qui est une première au monde ! Depuis, laccréditation est devenue le point non négociable de tous les Gouvernements que nous avons eu en face de nous. Cest une mesure symbolique et politiquement forte sur laquelle aucun ministre ne veut prendre le risque de revenir. Il nous restait à nous battre pour modifier ce que les pouvoirs publics voulaient nous imposer et à protéger notre exercice libéral. Cest à cela que, pour ma part, je passe mes jours et mes nuits depuis deux ans à la tête du SDB. Avec des résultats qui, sur le sujet, confinent au tour de force. Pour ce qui est de la proposition de loi de Jacky Le Menn, le SDB est le seul syndicat à avoir été auditionné. Nous avons ainsi obtenu du rapporteur le report de 2013 à 2014 pour lobligation de présenter la preuve dentrée dans laccréditation ou encore la réduction de 100 à 90 % de lactivité du laboratoire accréditée en 2020. Nous faisons tout pour que ces modifications soient maintenues par les députés.