Tous unis pour refuser la casse de la biologie médicale privée. Cest comme cela que se présente la profession en cet automne de tous les dangers.
Face à un Projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2013 (PLFSS), présenté en conseil des ministres le 10 octobre et qui inclut la proposition de lAssurance maladie de procéder à une septième baisse consécutive des tarifs de biologie, il fallait absolument changer la manière dagir pour essayer de sauver ce qui peut lêtre. Car si le manque de dialogue et labsence totale de respect pour la profession par lAssurance maladie restent des constantes, ce qui a changé cette année, cest la réalité économique.
Ce que le SDB et bon nombre de voix de la profession annonçaient depuis plusieurs mois est en effet en train de se réaliser : la biologie médicale française a commencé sa désintégration. Comme lont rappelé lensemble des porte-parole de la PEP lors de la conférence de presse du 9 octobre, les chiffres daffaires des laboratoires sont en
baise de 2 à 4 % depuis le début 2012. Et si, jusquici, les charges des restructurations cumulées au poids de laccréditation avaient pu être gérées sans licenciements, il nen sera plus de même les prochains mois si une nouvelle baisse est validée par le Parlement. En recoupant la situation des différents acteurs de la biologie privée, une nouvelle baisse pourrait très rapidement se traduire par une casse sociale denviron 8 000 emplois. Chez les "petits"
mais aussi chez les "gros" laboratoires qui ne sen sortent pas mieux.
Cette menace sociale qui pèse sur la biologie médicale souligne de manière brutale linconscience des pouvoirs publics depuis des années. Le contrat moral était pourtant clair au départ : la réforme de la biologie médicale devait consacrer le rôle des biologistes dans la chaîne de soins en échange de quoi, ces derniers acceptaient de sengager dans un processus lourd daccréditation. Le tout dans un contexte de stabilité économique pour passer cette période sans encombre.
Les biologistes ont respecté leur contrat
Les biologistes privés ont respecté leur part du contrat. Ils se sont restructurés et se sont tous engagés dans laccréditation, à quelques rares exceptions près. Et tout cela, sans faire exploser les dépenses de biologie médicale. Bien au contraire, ils sont en-dessous des prévisions de lOndam de plus de 800 millions deuros pour 2011.
à la vue dun tel bilan, nimporte quelle personne sensée penserait que les biologistes privés seraient remerciés et respectés pour cet effort considérable réalisé en un temps record et sans aucun coût supplémentaire pour la collectivité. Et bien non ! Alors que tout au long de lannée 2011, ils ont prévenu que le secteur était au bord de la rupture en matière de baisse de tarifs, lAssurance maladie a choisi de persévérer.
Pas de discussion constructive avec lAssurance maladie jusquà ce jour
Est-ce de la paresse intellectuelle tant il est simple de faire un copier-coller dune année sur lautre ? De lidéologie anti-biologie de proximité puisquil y a, par principe, toujours trop de laboratoires ? De la couardise car il est tellement plus facile de sattaquer à une profession peu nombreuse ? Toujours est-il que le PLFSS 2013 soumis au
Parlement prévoit une baisse de 155 millions deuros des tarifs exclusivement réalisés sur le dos de la biologie médicale et de la radiologie. Une mesure qui reprend intégralement les propositions faites par lAssurance maladie en juillet dernier.
Une Assurance maladie avec laquelle les représentants de la profession narrivent toujours pas à avoir une discussion ouverte et constructive. Pourtant, comme lont rappelé les porte-parole de la PEP lors de la conférence de presse, "les biologistes ne réclament pas plus de biologie mais mieux de biologie". Et que lon arrête ce tour de vis mécanique et comptable qui agit aveuglément et de façon extrêmement dangereuse pour le secteur.
Depuis plusieurs mois déjà, François Blanchecotte, président du SDB, est persuadé que lAssurance maladie a opté pour la même stratégie quavec les pharmacies dofficines : elle narrêtera de mettre la pression que lorsquil y aura "des morts". Sauf que les deux secteurs ne sont pas comparables. Et contrairement à ce quelle croit, les morts ne compteront pas forcément chez les petits laboratoires indépendants quelle honnit.
Une politique absurde et méprisante pour les biologistes
On en dénombre aussi chez ceux qui ont joué le jeu de la restructuration, qui ont lourdement investi dans laccréditation et qui sont aujourdhui affaiblis par la crise économique et celle du financement. Résultat, lAssurance maladie prend la responsabilité de provoquer dans les prochains mois de nombreuses fermetures de sites de biologie médicale de proximité, accentuant encore un peu plus la désertification médicale.
Cest précisément contre cette casse, cette politique de labsurde, de surcroît méprisante pour les biologistes médicaux dont les pouvoirs publics et lAssurance maladie nont toujours pas compris le rôle médical auprès des médecins prescripteurs et des patients, que la PEP entend agir et mobiliser durant tout cet automne. Dans lunion et avec la rage de défendre une profession qui, médicalement parlant, devrait avoir une voie royale vers lavenir.
Six années de baisses déjà subies |
Et cinq années de baisses annoncées |
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6 années de baisse consécutives des tarifs entre 2006 et 2012 Objectif de 540 M deuros de baisse entre 2008 et 2012 : 85 M deuros en 2008 100 M deuros 2009 100 M deuros 2010 100 M deuros 2011 155 M deuros 2012 Des objectifs déjà dépassés de 50 M deuros entre 2008 et 2012, sans que cela soit pris en compte daucune manière. |
En 2013, le PLFSS prévoit une baisse de 155 M deuros à répartir entre les radiologues et les biologistes. Mais cela nest pas fini. Le récent rapport IGF/IGAS prône 500 M deuros de baisse des tarifs de lAssurance maladie entre 2013 et 2017 pour les mêmes spécialités. Ce qui représente 714 M deuros de recettes en moins en dépenses réelles. |
REPèRES
2 550 PME qui emploient près de 45 000 personnes
En 2010, les 2 550 laboratoires géraient 3 700 sites.
Selon le dernier rapport de branche de novemebre 2011, le secteur employait 44 800 personnes (biologistes libéraux et salariés) fin 2010.
46 % des laboratoires (1 190) emploient moins de 11 salariés.
28 % des laboratoires (620) emploient de 11 à 20 salariés.
21 % des laboratoires (520) emploient de 20 à 50 salariés.
5 % des laboratoires (220) emploient de plus de 50 salariés.