Le constat des experts est assez clair : relativement rare il y a vingt-cinq, trente ans, le cancer de la thyroïde a notoirement augmenté dans le monde même si c’est avec de fortes disparités géographiques. A leurs yeux, une part de cette croissance est liée à l’évolution des pratiques de diagnostic avec une meilleure surveillance de la glande thyroïde. Ce qui se traduit par un diagnostic des cancers avec des tumeurs de petite taille, de stade précoce et peu susceptibles d’évoluer vers une expression clinique.
L’exposition pendant l’enfance en cause
Mais les spécialistes expliquent que cette évolution des pratiques n’est pas seule en cause. Ils estiment en effet que d’autres facteurs entrent en ligne de compte, notamment l’exposition aux rayonnements ionisants durant l’enfance, qu’il s’agisse de l’exposition externe aux rayons X ou gamma ou de l’exposition interne suite à l’inhalation ou à l’ingestion d’iode-131. A ce sujet, François Bourdillon, Directeur général de l’InVS, et Jacques Repussard, Directeur général de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, jugent que « l’exposition croissante aux rayonnements ionisants liée aux examens d’imagerie médicale et dentaire est donc un sujet à traiter du point de vue de la santé publique ».
Concernant l’accident nucléaire de Tchernobyl, les scientifiques considèrent comme « illusoire » la mise en évidence d’un excès de cancers « faute d’un marqueur spécifique » et recommandent « de se donner les moyens d’estimer l’impact réel d’un accident nucléaire en termes de santé publique mais aussi en termes de connaissances épidémiologiques sur l’effet des rayonnements ionisants ».
1 « Cancer de la thyroïde et accident nucléaire : où en sommes nous 30 ans après Tchernobyl et 5 ans après Fukushima ? », BEH n°11-12, 26 avril 2016.