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© CORGARASHU - FOTOLIA |
Le SDB ne sait plus toujours comment expliquer à ses interlocuteurs de l'Assurance maladie que la politique suivie actuellement mène droit à la catastrophe, aussi bien sur le plan économique qu'en matière de santé publique. Mais il semble que pour le directeur de la Cnamts et son équipe, ce qui émane des syndicats professionnels est forcément suspect, guère crédible et corporatiste. Le fait que le SDB n'ait jamais dérogé à son attitude constructive de partenaire responsable est passé en pertes et profits.
L'Assurance maladie cultive aujourd'hui une surdité et un aveuglement qui conduisent le SDB a considérer que :
- soit elle ne prend pas au sérieux lesnombreuses alertes dont le SDB lui a fait part à propos des risques de fermeture de laboratoires ;
- soit elle le sait parfaitement et a décidé de « casser » des laboratoires comme elle l'a fait avec des pharmacies, pensant ainsi réguler les dépenses en faisant baisser l'offre. Le tout au mépris des professionnels comme des patients et de la santé publique.
L'étude de Nicolas Bouzou vise au moins à éliminer la première hypothèse voulant que l'Assurance maladie ne croie pas le SDB. Le constat de ce brillant économiste, qui travaille entre autres pour le Premier ministre, est sans appel : "Les laboratoires de biologie médicale sont financièrement sous pression" reconnaît-il dans la synthèse du rapport. Il souligne qu'outre la baisse des tarifs des actes décidée par l'Assurance maladie, "ne pouvant suivre l'inflation générale de l'économie, les prix de l'ensemble des actes baissent également en termes réels". Et de conclure qu'en "trente ans, le tarif de la lettre-clé des actes de biologie a ainsi été divisé par deux". Le rapport de Nicolas Bouzou rappelle qu'en "mettant en difficulté financière certains laboratoires, cette stratégie pourrait compromettre leur efficacité en termes de santé publique, notamment par un affaiblissement de la proximité entre biologistes, cliniciens et patients".
Avec ce rapport et cette analyse extérieure à la profession, le SDB conforte son analyse et s'est armé d'argumentaires supplémentaires pour poursuivre son action vis-à-vis des pouvoirs publics.
Nicolas Bouzou : Redonner du sens et des perspectives
Quel jugement portez-vous sur la politique que l'Assurance maladie applique en matière de biologie médicale ?
Nicolas Bouzou : Concernant le secteur de la biologie médicale, l'Assurance maladie applique à plein et sans réflexion une politique de rationnement par les prix. Ces baisses de prix arbitraires, sans logique médicale ni économique, est lourde de conséquences.
Chaque baisse de tarifs à l'aveugle se traduit par une baisse de la valeur ajoutée du secteur. En procédant ainsi, l'Assurance maladie place les biologistes dans une impasse. Elle ne donne aucune perspective ni aucun sens à sa politique, d'autant que les biologistes n'ont pas d'autres choix que de subir puisqu'ils sont prescrits et qu'ils n'appliquent que des prix opposables sans dépassements possibles. En outre, le coût de l'accréditation aggrave le problème. D'un côté, le législateur alourdit les charges des laboratoires dans un souci de qualité, de l'autre, l'Assurance maladie baisse les prix dans un souci de maîtrise des dépenses?
Selon vous, que serait-il pertinent de mettre en place ?
N. B. : La nécessité de maîtriser les dépenses de santé et donc celles de biologie n'est pas contestable. Mais cela ne peut fonctionner à long terme que si la mécanique mise en place est cohérente et respecte l'ensemble des acteurs. Il faut donc commencer par agir là où cela est efficace, à savoir sur la prescription. Il serait intéressant qu'un référentiel de prescriptions d'examens biologiques entre dans le calcul de la rémunération à la performance signée par les médecins lors du dernier accord conventionnel, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
Ensuite, il faut confier la gestion de la Nomenclature aux biologistes dans le cadre d'une enveloppe globale définie. Cela leur permettrait de rétablir une nomenclature médicalement et économiquement cohérente, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Cela permettrait également de sortir le secteur d'une planification de type soviétique qui n'a aucun lien avec l'économie réelle. De manière plus prospective et compte tenu des remarques de la Cour des comptes sur les défaillances du système français de dépistage, il nous semblerait pertinent que les biologistes puissent avoir un plus grand rôle à jouer dans ce domaine.
LES PISTES DU CABINET ASTERèS
Le cabinet Asterès a étudié la biologie à la fois sous l'angle macro et microéconomique. Il s'est également risqué à faire trois propositions pour la biologie médicale. Des propositions dont va s'emparer le SDB pour les étudier et les évaluer. Si elles offrent des perspectives intéressantes à la fois pour la biologie libérale et les patients, il les intègrera à son corpus syndical. En attendant, les voici telles qu'elles ont été formulées par les économistes Nicolas Bouzou et Christophe Marques. Asterès, octobre 2011 |