Le SDB interpelle les candidats
Dans une lettre adressée aux dix candidats avant le premier tour de lélection présidentielle, le SDB les invite à prendre position sur lavenir de la biologie médicale. Le Syndicat leur demande de sengager sur trois principes-clés :
Proximité. Soutenir les laboratoires de biologie médicale de proximité, garants dune égalité daccès aux soins pour tous les habitants des territoires de France métropolitaine et dOutre-mer.
Indépendance. Refuser les financements précaires et spéculatifs dans tous les secteurs de la santé, au-delà même de la biologie médicale.
Cohérence. Reconnaître la biologie médicale comme une profession médicale à part entière, avec des besoins spécifiques en termes de formation, de contrôle et dencadrement de ses membres.
Lenjeu immédiat
Le principal enjeu de cette interpellation est de faire en sorte que le Président élu en mai et son équipe ne passeront pas par pertes et profits le dossier de la biologie médicale une fois les élections passées. Il faut donc quils sengagent à soutenir le fait que la proposition de loi, votée par lAssemblée nationale le 26 janvier dernier par les députés UMP, Nouveau centre et PS, soit examinée et votée dans les mêmes termes par le Sénat dès la reprise de la session parlementaire, comme le Président du Sénat sy est engagé par courrier auprès du SDB. Il faut que le nouvel exécutif lappuie dans cette démarche. Car lincertitude a assez duré.
Replacer le biologiste médical sur le terrain de la santé publique
Clore lépisode de lOrdonnance est un impératif pour la sécurité juridique de la profession. Mais il devra être suivi dune reprise en main de lensemble des dossiers aujourdhui mal engagés et qui vont tous dans un sens opposé à la médicalisation, à la qualité et à la proximité de lexercice du biologiste médical affichées au moment de la réforme.
Le saccage de la formation médicale continue des biologistes ou encore la baisse continue des prix de la biologie selon des critères comptables et non de maîtrise de la prescription sont autant de dossiers qui doivent être remis à plat sur la base dun réel dialogue avec les représentants de la profession.
Repartir du bon pied suppose de remettre les préoccupations de santé publique au coeur du débat. Dans cette hypothèse, la tentation financière et industrielle perdra du terrain delle-même et la plus-value de lexercice libéral et de proximité devra être reconnue.
INTERVIEW
« Quel biologiste médical voulons-nous être ? »
François Blanchecotte, président du SDB, revient sur le sens de laction du SDB ces derniers mois et sur lavenir des biologistes médicaux.Quel regard portez-vous sur les derniers mois daction du SDB ?
François Blanchecotte : Si nous prenons un peu de recul par rapport aux dossiers que nous avons traités ces derniers mois et que nous continuons à traiter malgré la trêve je pense en particulier à la facturation des examens transmis- je fais le constat un peu abrupt que personne ne comprend ce quest la médicalisation de la biologie médicale.
Aussi bien nos interlocuteurs institutionnels, cest évident que, parfois, nos confrères. Pourtant, plus je regarde la façon dont évolue la situation, plus je suis persuadé que cest la seule voie pour notre profession demain. Si nous nassumons pas ni ne revendiquons la médicalisation réelle de notre exercice, nous serons totalement débordés. Regardons ce qui se passe déjà aujourdhui. Sur des sites doffres demplois, apparaissent des annonces pour des ingénieurs de production danalyses. Poste proposé ? Celui de directeur de laboratoire de biologie médicale.
Que peut faire un syndicat comme le SDB ? Et les biologistes eux-mêmes ?
F.B. : Défendre tel ou tel point dun texte de loi ou dun décret est nécessaire et incontournable. Et nous le faisons. Mais il faut surtout se poser collectivement une question simple : quel biologiste médical voulons-nous être ? Quel est notre véritable coeur de métier ? Et ce, dans lintérêt de la santé publique comme dans celui de notre profession, en particulier pour nos jeunes confrères. Pour ma part, je ne vois un avenir possible que dans la médicalisation. Si lon veut être présents et incontournables dans les dix à vingt ans à venir, cela passe par le fait que nous nous imposions comme les seuls à maîtriser lexamen de biologie médicale en tant quacte médical global. Et cela doit se traduire très concrètement au quotidien. Nous devons être présents dans nos laboratoires, être présents pour les patients et les prescripteurs
Avoir un exercice médical de la biologie médicale, ce nest pas seulement valider un compte-rendu chiffré. Ce nest plus cela.
Selon vous, comment cela doit-il se traduire ?
F.B. : En tant que professionnels de santé, nous devons en endosser toutes les obligations mais aussi tout lintérêt. Il nous faut nous mêler du parcours de soins des patients et faire valoir toute la pertinence de la biologie médicale dans les prises en charge. Nous ne devons plus attendre que lon nous reconnaisse cette dimension médicale. Nous devons nous imposer par nos compétences et notre apport. Cest pour cela quil est très important, lorsque nous rapprochons nos laboratoires et que nous nous restructurons, de penser le projet médical de la nouvelle entité en même temps que le reste. Lorganisation du laboratoire multisite doit nous permettre de nous organiser pour nous dégager plus de temps médical et augmenter notre
plus-value médicale vis-à-vis de nos interlocuteurs.
Dautres exigences doivent-elles être prises en compte ?
FB : Oui. Il y en a quatre à intégrer à notre vision de lexercice. La proximité avec les prescripteurs et les patients, nous lavons déjà dit. Mais aussi notre intégration à la logique de soins coordonnés, lindépendance financière et lintégration de nos jeunes confrères. Cela forme un tout qui doit nous permettre de développer une profession qui offre un véritable apport pour la santé publique et la prise en charge des patients, et possède une vraie maîtrise de lacte médical ainsi quune réelle attractivité auprès des jeunes générations.
Pensez-vous que les membres de la profession soient sur cette ligne ?
F.B. : Beaucoup de mes confrères, je le crois. Mais il est de nouveau nécessaire de donner de la visibilité à un projet collectif. Ce travail avait été fait lors de la création du SDB, puis de nouveau au début des années 2000. Nous devons refaire lexercice pour nous redonner une perspective collective et mieux nous faire comprendre auprès de nos interlocuteurs et de nos partenaires.