La main sur le cur, la ministre de la Santé a déclaré que "la logique de rentabilité financière est inacceptable dans le secteur de la santé qui touche au bien-être et à la vie de lêtre humain". Elle entend défendre une biologie médicale de qualité et de proximité tout en adoptant, à linitiative du Gouvernement, des dispositions qui, à terme, mettront fin à la notion de territoire de santé pourtant gage de ladite biologie médicale de qualité et de proximité. Le SDB conjure la ministre darrêter duser dargumentaires élaborés par une administration qui ne tient pas compte des réalités du terrain.
"Jen appelle à François Hollande, Président de la République, pour que les ministres de la Santé et de léconomie mettent en cohérence avec les objectifs affichés les textes proposés au vote des parlementaires. Il est lheure de choisir le modèle de santé publique que vous voulez pour la France. La biologie médicale, qui participe à plus de 60 % des diagnostics, en est un bon marqueur", demande expressément François Blanchecotte, Président du SDB.
Une volonté de sauver dans les discours, un recul dangereux dans les faits
"Consolider la médicalisation de la biologie médicale », « assurer une biologie médicale de qualité et de proximité", "protéger lindépendance de la biologie médicale française" : la ministre de la Santé et les sénateurs ont défendu ces objectifs.
Mais dans les faits, ils viennent de voter toute une série darticles dont certains attestent dun recul dangereux par rapport au texte qui avait été adopté le 26 janvier 2012. Un premier exemple : larticle 4, voté le 31 janvier, ouvre la possibilité de détacher toute la phase préanalytique de la compétence exclusive du biologiste, là où un compromis pragmatique avait été trouvé concernant le seul acte de prélèvement. Cest ouvrir là la porte à des réseaux de prélèvements dépendant de plateaux techniques.
Autre illustration : selon le texte voté par le Sénat, afin de pallier les "difficultés dorganisation" de létablissement français du sang (EFS) et lui permettre de bénéficier de nouvelles ressources financières, lEFS serait, pour ses activités dexamen de biologie médicale hors monopole, le seul à ne pas être soumis aux règles inhérentes aux territoires de santé. Il ne faudrait alors pas longtemps pour que les nouvelles « chaînes de laboratoires » saisissent le juge communautaire afin quil mette un terme à cette atteinte à la concurrence.
Le choix dune déstructuration profonde de loffre de biologie médicale
Combiné à la volonté de faire payer les biologistes en accélérant la baisse de leurs tarifs, ce texte aboutira à ce quun certain nombre de laboratoires naient dautre choix que de se vendre au plus offrant. Au passage, la ministre de la Santé et le Gouvernement acceptent le risque dun plan social au sein de la profession et la fin des laboratoires de proximité. Un résultat exactement inverse aux besoins de la population et à la politique affichée.
Le Gouvernement et les sénateurs de la majorité choisissent ainsi de déstructurer totalement une offre médicale pivot (60 % des prescriptions se font sur la base dun diagnostic biologique) et de créer un précédent alors que cette offre ne représente que 2,4 % de la consommation de soins et de biens médicaux dans notre pays. En outre, elle reste, il faut le souligner, très en deçà de lévolution de lOndam. Les biologistes apportent donc déjà largement leur concours à la maîtrise du coût de la santé.
"Non, la proposition de loi ne peut être acceptée en létat. Oui, le Gouvernement doit réagir très vite, ouvrir enfin les yeux et mettre en accord les paroles et les actes", exige François Blanchecotte.